Longtemps! Toujours! Ma main dans ta crinière lourde...
Je ne connaissais pas encore Espoir lorsque j'ai lu, dans un roman qui ne m'a du reste pas marquée, quelque chose comme: "Que les ciseaux ne touchent jamais sa crinière, un cheval doit avoir quelque chose dont il puisse être fier."
Voilà une remarque qui me paraissait géniale.
La crinière du cheval, c'est un peu comme les cheveux d'une femme; chargés de symboles et de fantasmes.
Dans notre imagination, les coursiers galopent follement et leurs crins longs volent derrière eux, battent leurs flancs, dansent sur leurs encolures comme des serpents de soie. Nous cavaliers, nous glissons nos doigts dans ce doux panache pour tenir sur leurs dos, sans selles, ni brides, et nous buvons la liberté qui s'étend devant nous...
Bien sûr, la réalité n'est pas aussi belle que cette image rêvée, quasi mythologique, du cheval. Il n'en reste pas moins qu'une encolure couronnée d'une abondante crinière possède sur nous un attrait tout particulier. Elle souligne l'élégance d'un mouvement, la délicatesse d'un profil.
Je passe mes doigts dans les crins d'Espoir, ils sont très doux, très fins. J'en défais les noeuds, avec patience, pour ne pas les casser. Je les démêle, les tresse, les libère. J'aime les sentir, humer la bonne odeur de bête qui vit dehors qui s'en exhale.
Et je fais un voeu pour n'avoir jamais à les couper.