Le Poney-club [1}

Quel âge? J'avais 10 ans, peut être un peu plus, peut être un peu moins, lorsque je suis venue au poney-club pour la première fois.

Je n'ai pas monté ce jour là, je voulais voir.

Pour arriver au club, il fallait emprunter une route très étroite. On quittait la ville, on longeait le bois, et sur la droite, bien enclose par des champs, il y avait l'écurie. A quelques mètres, on trouvait un arrêt de bus, et derrière lui toute une cité; impossible de les voir cependant, les bois et les prés des poneys nous protégeaient de cet urbanisme incongru.

C'était un tout petit club: une quinzaine de poneys dans les époques les plus fastes, une écurie taille enfants où les montures partageaient de grands boxes aux murs bas, un club house où on ne tenait pas à dix. La carrière elle-même était petite, en harmonie avec les petits couples qui y évoluaient. Il n'y avait pas de manège, on montait dehors par tous les temps.

Cette première après-midi, je l'ai passée à brosser un noireaud appelé Artaban. J'ai fait connaissance avec l'aspect crasseux de la plus noble conquête de l'homme, avec son odeur forte qui me piquait presque le nez. J'ai utilisé toutes les brosses, dans l'ordre que l'on m'avait indiqué, d'abord avec zèle, avec plaisir ensuite. L'objet de mes attentions se prêtait complaisement à l'exercice, en bon maître d'école pétri de patience, somnolant.

L'écurie était calme, mais curieusement joyeuse.

Le week-end suivant, ma mère m'inscrivait au club pour trois cours d'essais.